Outre-Monde : Défaire les assignations et les dominations institutionnelles
La fatigue sociale et l’urgence climatique sont les deux faces d’une même pièce. Néanmoins, les situations institutionnelles du secteur « social » et du milieu « climatique » ne sont pas identiques. Le social est généralement plus dépendant des subventions publiques que le climat qui est, la plupart du temps, indépendant et éloigné des assignations administratives, institutionnelles et politiques. Pourtant, si l’on prend au sérieux l’idée qu’aucune sorte de bifurcation écologique ne pourra se produire sans partir de la question sociale et de celle des inégalités, il est nécessaire que le secteur social soit pleinement en capacité d’exercer ses métiers.
Pour cela il est d’abord nécessaire qu’il puisse se défatiguer. On répond moins bien à une situation d’urgence quand on a mal dormi. Dès lors, regagner du temps d’action et de réflexion est évidemment essentiel.
Il est en effet nécessaire et légitime d’inverser la charge : le secteur social est garant de la qualité de son travail ; il connaît son public et ses territoires. La seule exigence que doivent lui assigner les pouvoirs subsidiant : s’assurer que les travailleurs restent en capacité d’être du et au côté des gens. Cela signifie de mettre au cœur des actions la parole des personnes les plus éloignées pour devenir des forces de propositions socio-politiques et établir des rapports de force avec les producteurs d’inégalités. Pourtant, la bureaucratie du changement social exige trop souvent de passer avant le terrain et la parole des gens. Ses complexités empêchent l’exercice de complicités avec des secteurs extérieurs ou des acteurs non reconnus. Cela n’est plus durable. La subvention ne peut pas valoir plus que l’urgence sociale et climatique. La capacité d’engager de propres explorations, recherches et démarches doit être inconditionnelle et leur financement garanti.
Quelques propositions issues de la séance de travail :
↪ Les diverses assignations administratives et les techniques directoriales de new public management demandent donc à être remises radicalement en question.
↪ Réorganiser des temps de réflexions et de regards sur ses propres pratiques et leurs articulations avec la situation socio-politique générale est indispensable pour affronter les bifurcations et les changements, à l’intérieur même des équipes. Ces temps doivent être pris sur le temps de travail subordonné et faire partie intégrante du contrat d’emploi.
↪ En réponse aux appels à projet, rédiger une réponse standard envoyée à l’identique par toutes les associations postulantes. Avec décision collective d’attribution, selon un modèle tournant.
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